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"Privilégier l'idée d'un label accordé aux écoles "

L’association les Entreprises éducatives pour l’emploi (3E), qui regroupe la quasi-totalité des acteurs privés lucratifs de l’enseignement supérieur, comme Eduservices, organisait Les quatrièmes Rencontres pour la réussite professionnelle des jeunes. L’occasion d’annoncer la création, pour la fin 2024, de la Conférence des établissements d’enseignement supérieur à vocation professionnelle et de l’alternance, la Ceespa, par le président de l’association Les entreprises éducatives pour l’emploi et président d’Eduservices, Philippe Grassaud.

Olivier Rollot : Qu’attendez-vous de la création de la Conférence des établissements d’enseignement supérieur à vocation professionnelle et de l’alternance (Ceespa) ? 

Philippe Grassaud : Nous en avons signé les statuts le 11 juin afin de créer un cadre d’accueil pour nos écoles au même titre que la Conférence des Grandes écoles ou la Fesic pour les établissements d’enseignement supérieur privé d’intérêt général (EESPIG). Nous voulons ainsi établir un véritable contrat avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) pour nous structurer dans une démarche d’autorégulation et de contractualisation. Une démarche de droits et d’obligations discutés ensemble pour rendre l’offre de formation mieux visible entre les établissements sous contrat et hors contrat avec l’État. Cette conférence ne recouvrera pas le périmètre des Entreprises éducatives pour l’emploi qui porte le projet puis se retirera. Elle n’a pas non plus vocation à être un label mais bien à améliorer la qualité de l’enseignement supérieur privé. La FNEP (Fédération nationale de l’enseignement privé) en sera un partenaire important et nous travaillons par exemple déjà avec elle à la création d’un poste de médiateur de l’enseignement supérieur privé. La Ceespa jouera un rôle moral. Tout le monde ne pourra pas la rejoindre alors que nous recevons aujourd’hui quantité de demandes d’adhésions. 

O. R : Qui va présider la Ceespa ? Vous ? 

P. G : Les entreprises éducatives pour l’emploi et la Ceespa doivent avoir des présidents différents. Le président du Ceespa doit être une figure marquante de l’enseignement supérieur et la recherche. 

O. R : La question de la création d’un label pour les établissements d’enseignement supérieur privé est justement au coeur des discussions avec le MESR. Comment imaginez-vous ce label ? 

P. G : Nous privilégions l’idée d’un label accordé aux établissements. Pour ce qui est des formations nous avons déjà le Répertoire national des certifications professionnelles. Ce label doit nous amener à un contrat avec l’État qui sera un tournant politique. Soit l’institution nous tend la main, et ce sera le premier pas vers une démarche positive pour tous, soit elle continue à nous considérer comme des éléments accessoires du système. Mais ce n’est pas ce que nous disent nos entretiens avec la DGESIP (Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle) du MESR comme avec France Compétences, le ministère du Travail et les autres acteurs du dossier. 

O. R : Quel rôle peut jouer le Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) dans la création de ce label ? 

P. G : Le Hcéres est l’évaluateur officiel de toutes les formations. Nous sommes donc prêts à travailler de manière très concrète avec lui sur les critères d’évaluation. Le Hcéres nous conseille également dans la constitution du cahier des charges d’adhésion au Ceespa. 

O. R : Le dialogue avec l’ensemble des acteurs du groupe de travail constitué par le MESR, à l’initiative de la ministre Sylvie Retailleau, a donc été constructif ? 

P. G : Depuis des années nous n’avions aucune discussion avec le ministère et c’est pour cela que j’ai employé l’image des « états généraux » pour évoquer notre dialogue récent autour de cette question du label. En quelque sorte les attaques dont nous avons été la cible nous ont permis de sortir de l’anonymat. Si nous existons c’est bien parce qu’une grande partie des étudiants – près de 400 000 dont la moitié au sein des Entreprises éducatives pour l’emploi – nous ont choisi ! Toute une frange de la population que nous voulons aujourd’hui mettre en avant au-delà du malthusianisme et de l’anathème. 

O. R : Mais avez-vous une idée de la date à laquelle la création de ce label pourrait aboutir ?

 

P. G : Tout devait être bouclé fin mars 2024 mais nous avons rebattu les cartes en montrant ce que nous représentions. Tant qu’on ne connait pas tous les partenaires les discussions ne sont que conceptuelles. Nous sommes partis d’un label qui devait imposer des limites et aujourd’hui nous sommes prêts de créer un label qui permette d’intégrer toute une nouvelle partie de l’enseignement supérieur. 

O. R : Le départ d’Anne Sophie-Barthez de la DGESIP, et surtout les élections à venir, ne risquent-elles pas de gripper tout le processus ? 

P. G : Anne-Sophie Barthez a montré comme son équipe des qualités d’écoutes et d’ouverture qui ont été un puissant moteur dans la normalisation des rapports entre les différentes parties au débat. Nous espérons retrouver ces mêmes qualités dans la prochaine gouvernance de la DGESIP. Quant aux élections et leurs conséquences, nous sommes comme tous les acteurs économiques et sociaux, dans l’expectative avec le secret espoir que nous conservions à minima quelques acquis du travail entamé ces derniers mois.